
L’aiguille :
Les aiguilles sont en acier inoxydable, elles sont composées d’une pointe et d’un corps. Il existe des aiguilles à section ronde, triangulaire, lancéolée (ou diamant) ou mixte (tapercut) : pointe triangulaire et corps rond.
La section ronde permet de piquer les tissus sans les déchirer alors que la section triangulaire comprend 3 bords tranchants, ces bords triangulaires peuvent entrainer un déchirement des tissus lors de la traction du lambeau à la fermeture du point. Ce type d’aiguille sera réservé aux tissus épais.
Corps de l’aiguille :
Avec la pointe, le corps est l’autre partie d’une aiguille. Il peut avoir différentes formes (triangulaire, ronde…) ; chacune de ces formes répond à un usage.
Le corps de l’aiguille est la partie qui est saisie par le porte–aiguilles selon la règle du 1/3 – 2/3 pour une bonne stabilité et prise en main.
Il existe un très grand nombre d’associations courbure/corps/pointes pour pouvoir s’adapter à tous les tissus et toutes les chirurgies.
A chaque type de corps d’aiguille correspond une lettre et un pictogramme :
Code | Forme | Pictogramme |
---|---|---|
S | Triangulaire | ![]() |
R | Rond | ![]() |
L | Diamant / Lancéolé | ![]() |
Les aiguilles à corps triangulaire sont généralement utilisées pour traverser des tissus durs comme la peau, les aiguilles à corps rond sont le plus souvent utilisées pour la suture des tissus mous. Quant aux aiguilles à corps lancéolé, également appelé spatulé, elles sont très souvent utilisées en ophtalmologie.
Pointe de l’aiguille :
La pointe est, avec le corps, l’un des éléments constitutifs d’une aiguille chirurgicale.
Elle peut avoir diff érentes géométries (ronde, triangulaire, diamant, mousse ……) ; chacune de ces formes a un impact sur les tissus qu’elle traverse et donc une indication particulière qui tient compte de la nature du tissu à suturer.
Pointes | Caractéristiques | Exemples d’utilisation |
---|---|---|
Ronde | Non tranchante | Chirurgie viscérale |
Triangulaire | Pénétrante | Peau/suture cutanée |
Diamant | Tranchante à 4 cotés | Tissus calcifiés et scléreux |
Mousse | Atraumatique | Tissus parenchymateux |
Fine point : Pointe fine | Reverse cutting : Coupe inversée | Soft cut : Coupe douce |
![]() | ![]() | ![]() |
Precision point : Pointe de précision | Taper point : Pointe conique | Conventional cutting : Coupe conventionnelle |
![]() | ![]() | ![]() |
Courbure de l’aiguille :
La courbure est une des caractéristiques des aiguilles. Il existe des aiguilles droites et des aiguilles courbes.
Les aiguilles droites peuvent être utilisées sans porte aiguille ; elles sont le plus souvent employées pour les plans superficiels.
On exprime la courbure en 8ème de cercle ; par exemple 5/8e ou 3/8e, la 4/8e correspondant à un demi-cercle et 2/8e au quart de cercle (1/4).
En pratique, plus le plan est profond, plus l’aiguille doit être courbe.

Diamètre du fil :
On parle de diamètre (ou calibre) aussi bien pour l’aiguille que pour le fil. Le diamètre est exprimé de façon différente selon la pharmacopée de référence.
La classification décimale issue de la pharmacopée européenne (EP pour European Pharmacopoeia) est utilisée comme référence pour définir le calibre des fils (de 0,1 à 10). Exemple : une décimale 2 correspond à un fil de 0,20 à 0,29mm de diamètre.
Mais c’est la pharmacopée américaine (USP pour US Pharmacopoeia) qui est la plus utilisée : le calibre varie de 12/0 à 4 du plus fin au plus gros et en fonction de l’origine de la suture et de son profil de résorption.
Il existe une équivalence entre ces deux standards :
USP | EP / Décimale | Calibre du fil en mm |
---|---|---|
12-0 | 0.01 | 0.001 – 0.009 |
11-0 | 0.1 | 0.010 – 0.019 |
10-0 | 0.2 | 0.020 – 0.029 |
9-0 | 0.3 | 0.030 – 0.039 |
8-0 | 0.4 | 0.040 – 0.049 |
7-0 | 0.5 | 0.050 – 0.069 |
6-0 | 0.7 | 0.070 – 0.099 |
5-0 | 1 | 0.10 – 0.149 |
4-0 | 1.5 | 0.15 – 0.199 |
3-0 | 2 | 0.20 – 0.249 |
2.5 | 0.25 – 0.299 | |
2-0* | 3 | 0.30 – 0.349 |
0 | 3.5 | 0.35 – 0.399 |
1 | 4 | 0.40 – 0.499 |
2 | 5 | 0.50 – 0.599 |
3+4 | 6 | 0.60 – 0.699 |
5 | 7 | 0.70 – 0.799 |
6 | 8 | 0.80 – 0.899 |
7 | 9 | 0.90 – 0.999 |
8 | 10 | 1.00 – 1.099 |
9 | 11 | 1.10 – 1.199 |
10 | 12 | 1.20 – 1.299 |
* USP 2/0 = 0.30 à 0.339 mm
Longueur du fil :
Elle varie de 20 à 120 cm selon les matériaux et leur usage. La longueur la plus commune est de 70 cm.
Monofilaments vs tresses :
Le matériel de suture peut être composé par un filament unique (monofilament) ou par plusieurs filaments (multifilaments ou tresses).
Les monofilaments ont des qualités séduisantes, comme la solidité, le faible entraînement tissulaire et la faible propension à favoriser l’infection.
Il est admis que l’incidence de l’infection est significativement plus faible avec un monofilament comparativement à une tresse. Les monofilaments constituent un progrès chirurgical car leur structure facilite le passage intra-tissulaire et supprime le phénomène de capillarité.
Les avantages des monofilaments sont récapitulés dans le tableau ci-dessous :
Caractéristiques | Avantages | Bénéfices |
---|---|---|
Surface lisse et régulière | Excellent passage intratissulaire | Traumatisme tissulaire aminima |
Acapillarité | Pas d’effet de mèche Empêche la propagation de l’infection Surjets applicables | Moins de risques infectieux post opératoires Meilleure cicatrisation Gain de temps Répartition uniforme de la force de tension sur l’incision |
Elasticité | Meilleure tenue de nœud | Sécurité de la suture |
Comparativement aux monofilaments, les tresses risquent davantage de provoquer des infections par capillarité, car les interstices entre les fibres peuvent faciliter la propagation d’éléments pathogènes le long de la fibre et donc directement dans le siège de l’implantation. Les tresses ont une surface relativement rugueuse qui provoque « un effet de scie » lorsque le fil passe au travers des tissus.
Résorbable vs non résorbable
Une fois implanté, le matériel de suture peut rester dans l’organisme ou au contraire se dégrader. Cette distinction de comportement classe les sutures en deux catégories : les sutures non résorbables et les sutures résorbables.
Les sutures non résorbables sont présentes de façon permanente dans l’organisme ; elles offrent un soutien à long terme ; en cas d’utilisation sur un plan superficiel (peau ou muqueuse = Ex : épisiotomie), elles nécessiteront une ablation.
Les sutures résorbables disparaissent à plus ou moins long terme ; le profil de dégradation est fonction de la composition chimique des fils.
On parle de sutures résorbables à court terme (~50 j), moyen terme (60 à 90 j), long terme (180 à 210 j) ou très long terme (390 j).
Le mécanisme de dégradation varie en fonction de l’origine du matériau constitutif de la suture. Pour les fils synthétiques résorbables, il s’agit d’une réaction d’hydrolyse qui garantit une dégradation homogène, régulière et prédictible ; elle engendre des métabolites (produits de dégradation) physiologiques.
La résorption est encore appelée « perte de masse ».
Les fils résorbables synthétiques monofilaments :
Polydioxanone :

Ils possèdent une surface très lisse, une bonne élasticité et une excellente tolérance. La résorption se fait en 210 jours environ.
Polyglyconate, Glycolide Trimethylene Carbonate (GTMC) :

La résorption se fait entre 180 et 270 jours, avec perte de 60 % de sa résistance à 21 jours.
Poliglecaprone 25 :

Il se caractérise par une grande souplesse, une certaine élasticité. La résorption se fait entre 90 et 120 jours (hydrolyse).
Glycomer 631 :

Il se caractérise par une grande maniabilité.
Les fils non résorbables synthétiques monofilaments :
Polypropylène :

Inaltérable, bonne tolérance.
Polyamide (nylon) :

Bonne tolérance et souplesse.
Polybutester :

Il s’allonge à la traction dans un premier temps, puis son élasticité cesse jusqu’à la rupture.
Acier inoxydable :

Source :
ABC des sutures – ligatures (brochure éditée par le laboratoire B.Braun)